Que d’émotions ! Cela faisait déjà quelques jours depuis le typhon, et Mizuki était encore à peine remise de ses émotions. Il était sûr qu’elle avait eu une belle frayeur ! Mais bon, elle avait pu constater qu’il existait également des Coréens qui pouvaient se révéler être sympathiques quand ils voulaient. Conclusion : elle comprenait encore moins comment on avait pu inventer une guerre entre Japonais et Coréens. Sans doute ne comprendrait-elle jamais réellement. En plus, elle avait remarqué que, souvent, c’était les garçons qui étaient les plus motivés pour se faire la guerre. D’ailleurs tous ceux qu’elle connaissait étaient pour ce fichu conflit, comme Eiichi et même Kyohei. A croire que c’était parti d’un type d’une des deux nationalités qui avait besoin de passer ses nerfs et qui avait pris un mec de l’autre nationalité comme cobaye. Franchement, c’était quoi la vraie raison de tout ça ? Ils n’avaient quand même pas pu décider du jour au lendemain qu’ils ne sauraient pas se voir en peinture et qu’ainsi, ils se voueraient une haine sans bornes. D’accord, elle aussi avait un peu de mal avec eux mais elle trouvait quand même que les choses allaient trop loin. Heureusement qu’elle avait des amies où le sujet « A mort les Coréens ! » ne revenait pas constamment dans la conversation.

D’ailleurs, elle devait justement retrouver l’une d’elles ce jour-là. En effet, Yukie lui avait envoyé un texto pour qu’elle la rejoigne à la galerie marchande. Il était vrai qu’elle n’avait pas pensé à la façon dont avaient pu se passer les choses pour ses amis. Elle espérait qu’ils aillent tous bien, sans exception. Au moins, sa grande sœur de cœur avait l’air de s’en être bien sortie d’après ce qu’elle avait lu. Elle avait donc enfilé une mini-jupe en jean avec un haut vert à longues manches et ses talons, avant de sortir précipitamment pour ne pas être en retard. Oui, quand on se levait à dix heures, il valait mieux ne pas traîner si elle voulait être devant le banc à onze heures. Vite ! Le temps pressait, elle voulait voir dans quel état était Yukie. Oui, parce qu’elle pouvait avoir survécu mais elle ne savait pas si elle avait été blessée ou si ça s’était très mal passé pour elle. Des gens pouvaient devenir agressifs dans de telles conditions, alors elle s’inquiétait quand même pour elle. Même si elle savait pertinemment que Yukie savait se débrouiller et se défendre sans aucun problème. Ce n’était pas pour rien qu’elle était le modèle de Mizuki. Elle espérait vraiment pouvoir lui ressembler un jour.

Elle arriva donc au centre commercial, et il n’était même pas encore onze heures ! Ouah, ça c’était ce qui s’appelait être rapide. Bon, certes, elle était essoufflée mais au moins, elle ne ferait pas attendre Yukie. Elle s’en voudrait de l’avoir fait poireauter quand même alors qu’elle devait être aussi impatiente qu’elle de la revoir. Après tout, elles devaient toutes les deux avoir eu une sacrée frayeur durant la catastrophe naturelle, d’autant plus que toute l’université avait dû être privée de courant. Ou en majorité du moins. Elle se dirigea donc vers le banc, afin d’y attendre son amie, qui n’était pas encore là. Peut-être lui était-il arrivé quelque chose ? Avait-elle eu un contretemps ? Voilà, maintenant c’était elle qui s’impatientait, non pas par agacement, mais par réelle peur d’apprendre que Yukie n’avait pas été sans rester indemne suite à l’apparition du typhon dans la capitale. Pourquoi le Japon était-il situé sur une des zones les plus sensibles aux catastrophes naturelles déjà ? Ses hauts talons cliquaient d’un rythme rapide sur le sol, montrant combien elle avait hâte que Yukie se montre enfin, pour qu’elle puisse voir qu’elle allait bien.

Entendant des bruits de pas précipités, elle se retourna alors dans la direction de ceux-ci et vit enfin la jeune femme. Esquissant un sourire à la fois rassuré et joyeux, elle se leva brusquement pour faire face à cette dernière. Il était vrai qu’elle avait l’air d’aller bien et qu’elle ne paraissait pas traumatisée par cet épisode. Vraiment, elle sentait un poids la quitter en voyant son amie en aussi bonne santé. Elle aussi avait l’air heureuse de la revoir et c’était plutôt normal quand on savait qu’elle était sensible lorsqu’elle angoissait et que des crises se manifestaient plus facilement dans des moments pareils. Réajustant son sac à main sur son épaule, elle l’écouta faire part de son soulagement de la revoir en bon état. Elle rigola gaiement suite à cette remarque.

« Toi aussi, tu as l’air de t’en être bien sortie. Si tu savais comme j’ai eu peur pour toi ! » Lui confia-t-elle.

Il était vrai qu’elle avait tendance à paniquer un peu pour rien. Un peu. Bon ok, elle paniquait facilement pour ses proches mais bon c’était naturel pour elle de se soucier autant des autres. On ne se refaisait pas.

« Eh bien écoute, je me suis retrouvée enfermée dans la bibliothèque avec un coréen. Mais ça va, il était gentil donc ça s’est plutôt bien passé. Et toi ? Raconte ! »

C’était vrai quoi ! Elle non plus n’avait aucune idée de la façon dont s’étaient déroulées les choses pour son amie. Et ça la tracassait depuis un moment en plus. Heureusement, la vie avait semblé reprendre son cours normal dans la ville, du moins était-ce l’impression qu’elle avait eue. En même temps, à force de subir plusieurs catastrophes, il fallait bien savoir faire avec et reprendre ses occupations quotidiennes. Elle réfléchit à la question de son amie, n’ayant pas vraiment prévu d’acheter quelque chose en particulier. Ah ! Si, il y avait bien quelque chose dont elle avait besoin en fait.

« Il faut que je trouve des élastiques pour attacher mes cheveux. J’ai perdu le dernier hier. »

Eh oui. Soit elle les cassait, soit elle les perdait mais en tout cas, elle n’arrivait jamais à faire durer plus d’un an les élastiques qu’elle s’achetait. Ce n’était pas évident de son point de vue, parce que c’était assez petit donc on pouvait les égarer facilement et si on tirait trop dessus, on les cassait aussi facilement. Bref, le fait était qu’elle n’en avait plus et qu’elle en avait besoin, non pas pour faire du sport, cela étant impossible, mais pour étudier ou faire quelques taches ménagères pas trop fatigantes.

« Tu veux qu’on commence par aller chercher ton livre ? Si c’est plus proche, autant commencer par-là, je crois qu’il faut chercher plus loin pour les élastiques si je me souviens bien. »

Elle prit donc Yukie par le bras et l’entraîna joyeusement vers la première librairie qu’elle avait vue. A vrai dire, elle ne savait même pas si c’était la bonne boutique mais tant pis ! Yukie était là, elle allait bien et c’était le principal !